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BOLIVIE - Etape 11

Après s'être bien baladé dans la ville, le palais de la monnaie étant fermé, nous allons dans une agence, Big Deal Tours, pour voir s'il est possible de faire une excursion autour de la ville (apparemment il y a un lac d'eau chaude et de belles lagunes). Le Bolivien très sympa, ancien mineur reconverti dans le tourisme, nous explique qu'avec la grève, ils n'ont pas de vans disponibles pour faire ces excursions en ce moment. Par contre il nous propose de visiter les mines le lendemain matin, un petit groupe est déjà inscrit.

 

A la base on n'avait pas spécialement envie de visiter les mines. La montagne du Cerro Rico est un vrai gruyère avec une centaine de km de souterrains. Depuis l'arrivée des Conquistadors espagnols, l'altitude de cette montagne est passée de 5180 m à 4787 m en raison de l'activité minière. Des millions d'Amérindiens et d'esclaves noirs africains ont péri exploités dans ces mines. On estime qu'environ 60 000 tonnes d'argent ont été extraites dans ces mines depuis la colonisation. L'argent s'est depuis rarifié mais il y a beaucoup de filons d'étain et de zinc. 

De nos jours, les mineurs y travaillent encore comme il y a 500 ans, à la pelle et à la pioche, dans des conditions insalubres. Les effondrements de galeries arrivent régulièrement, les accidents causant environ 30 décès par an, c'est un peu flippant.

 

POURQUOI VA-T-ON QUAND MEME LE FAIRE ?

Le gars de l'agence, qui était donc un ancien mineur, nous  explique que les mineurs du Cerro Rico sont contents d'y travailler et de montrer leur travail aux étrangers, ils en sont plutôt fiers, fiers d'être mineurs de père en fils. En effet, malgré les conditions difficiles, il prédomine un esprit d'entre-aide et de solidarité entre les mineurs qui travaillent souvent en famille ou entre amis. Ils sont responsables de leur production et gagnent 2 à 3 fois le salaire moyen, bien plus qu'un prof ou un employé de banque !  

Bon évidemment on se doute de notre côté que vu la dangerosité de ce métier, la peur qu'ils peuvent ressentir pour eux-mêmes et leurs proches qui travaillent des ces mines, s'ils pouvaient faire un métier moins dur & moins dangereux pour le même salaire, ils laisseraient tomber celui-ci sans scrupules !

 

Les mineurs sont organisés en coopératives privées et doivent leur reverser une participation. L'agence de tourisme verse elle aussi une part du prix payé par les touristes. 

POTOSI 2/3

LA VISITE DES MINES

Rendez-vous à l'agence tôt le vendredi matin. Avant d'attaquer la visite de la mine, on nous prête un équipement adapté. Puis nos guides emmènent notre petit groupe (on est 8 jeunes dont des Néo-zélandais, des Suisses, un Anglais, une Mexicaine !) visiter l'usine de traitement des minerais. Les machines datent de Mathusalem !!! Mais bon, ça fonctionne toujours...

Puis nous avons une bonne demi-heure de grimpette jusqu'au Cerro Rico : 200 mines, 450 mètres de profondeur maximale sur 17 niveaux. 

Les couleurs de cette montagne sont magnifiques, de plus, ça tranche avec le bleu du ciel. Superbe vue sur Potosi de l'autre côté. Nous arrivons à l'un des tunnels qui va nous conduire dans les entrailles de la terre! Et on va constater que ce n'est pas du tout une voie facile spécialement conçues pour les touristes !!

 

A l'entrée du tunnel, nous marchons d'abord dans la boue froide. Puis le sol s'assèche et nous devons tantôt nous courber, tantôt ramper, grimper ou descendre des échelles, c'est plutôt sportif ! C'est de la spéléo !

On nous a donné un masque pour éviter de respirer trop de poussière. C'est pratique sauf qu'à certains endroits il fait une chaleur étouffante, au moins 40°C. On enlève le masque pour prendre + d'air !  

On sent d'ailleurs qu'il y a moins d'oxygène, même si des tuyaux sont installés pour apporter de l'air de l'extérieur. 

 

De temps en temps, nous faisons des haltes dans des petits coins et le guide nous explique la vie des mineurs. Des mineurs en plein travail viennent échanger quelques mots avec nous. On leur distribue des bouteilles de soda et des sachets de feuilles de coca (on en a acheté avant car les guides nous avaient dit que les mineurs appréciaient ce genre de cadeaux). La coca les aide à tenir le coup (voir le chapitre à ce sujet dans l'étape de La Paz !). Leur travail est bien entendu très physique, il font péter la terre aux bâtons de dynamites puis récupèrent les pierres à la pelle. Les plus jeunes poussent les wagonnets avec les pierres vers l'extérieur de la mine. Ils feront ensuite le tri des minerais à la coopérative.

En fin de parcours, nous nous arrêtons auprès d'une statue, c'est  El Tio (le diable de la mine). Il paraît que l'on trouve ce personnage au fond de chaque galerie, il y en a une quarantaine. El Tio, c'est l'oncle, le mari de la Pacha-mama, la mère Nature. Il est le symbole de la fertilité.  C'est le maître de la mine, le protecteur des mineurs qui lui témoignent d'un grand respect par des offrandes quotidiennes : feuilles de coca, alcool, cigarettes ... Chaque vendredi, ils s'installent auprès d'El Tio pour l'honorer, lui versent de l'alcool et lui allument des cigarettes dans la bouche ! 

 

Nous aurons passé au moins 2 heures dans les tunnels. Il ne valait mieux pas être claustrophobe et il était préférable d'être en bonne forme !  Heureusement aussi que nous avions des casques car on s'est bien cogné la tête contre les parois :) Finalement, on ne regrette pas cette expérience, c'était très intéressant et on s'est bien rendu compte des conditions de travail des mineurs qui essayent malgré tout de travailler dans la bonne humeur :)

EN GALERIE, LE PAPE A LA PAZ 

Après l'effort, le réconfort :) 

La mine est la quasiment la seule source de revenus dans la région. A part cela et un peu de tourisme, il n'y a aucune industrie. Des milliers de mineurs y travaillent encore et font vivre toute la région.

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